lundi 5 avril 2010

Le déluge... en Mésopotamie: Atrahasis et Utanapishtim, les Noé mésopotamiens. 3/4

Par Maximilien Lormier

Utanapishtim, l’espoir de Gilgamesh.

Le roi d’Uruk est une légende dans la littérature mésopotamienne. Qu’il ait réellement existé ou pas, nous en sommes toujours aujourd’hui au stade des suppositions en ce qui concerne son existence, mais son épopée a traversé les frontières et les âges pour atteindre, depuis sa redécouverte au XIXe siècle de notre ère, une nouvelle forme d’éternité qu’elle avait perdu pendant ces deux derniers millénaires. Le roi, mi-dieu, mi-humain, fit face au dilemme le plus important de toute sa vie. Puissant, fort et respecté, Gilgamesh prit conscience de sa propre mortalité et donc de l’éphémère caractère de la vie, lorsque la déesse Ishtar, à qui il s’était refusé, assassina son ami Enkidu. Il abandonna alors sa ville et partit à la recherche du seul humain qui connaissait le secret de la vie éternelle, Utanapishtim – littéralement « j’ai trouvé ma vie » - qui vivait aux confins du monde. Après bien des mésaventures, Gilgamesh arriva enfin devant le vieux et sage Utanapishtim à qui il supplia de lui révéler le secret de la vie éternelle seulement réservée aux dieux. Bien qu’Utanapishtim lui recommanda de renoncer, il lui raconta comment les dieux le rendirent immortel.

Roi de la ville de Shuruppak, il fut prévenu par Ea, nom akkadien d’Enki, grâce à un message caché dans un roseau, de l’imminence d’un déluge qui allait anéantir toute l’humanité. Dans ce message Ea ordonnait à Utanapishtim d’abandonner sa maison et de construire un bateau – en forme de cube - et de s’y enfermer avec son épouse et un spécimen de chaque espèce vivante. Le bateau fut terminé en sept jours et comme on le lui avait ordonné, il s’y enferma, emmenant avec lui ses richesses, sa famille, les animaux et enfin tous les artisans de tous métiers. L’orage monta alors et la pluie commença à tomber. Le cataclysme dura six jours et sept nuits et fut d’une telle violence qu’il épouvanta les dieux eux-mêmes. Le vieux Utanapishtim raconta alors que tous les hommes étaient redevenus argile – leur matière d’origine - et que le silence prédominait. Le bateau accosta sur le mont Nimush (sans doute dans la chaine de montagne du Zagros) et Utanapishtim lâcha une colombe qui revint, puis une hirondelle qui finit par revenir elle aussi, et enfin un corbeau qui, lui, ne revint pas. Il ouvrit alors les portes du bateau et dispersa les animaux. Il offrit une offrande aux dieux affamés qui tournèrent autour comme des mouches. Les dieux décidèrent alors de ne plus jamais détruire l’humanité et offrirent à l’ancien roi de Shuruppak, ainsi qu’à son épouse, la vie éternelle. En échange, il devait quitter le monde où habitaient les hommes.

Gilgamesh n’obtiendra pas le secret de la vie éternelle et revint finalement à Uruk. Néanmoins son long voyage ne fut pas pour autant peu instructif. Ses pérégrinations lui avaient apporté la sagesse, et le texte raconte que c’est en bon berger qu’il revint à Uruk dont il allait faire une gigantesque et magnifique cité.

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