mardi 16 mars 2010

Le déluge... en Mésopotamie: Atrahasis et Utanapishtim, les Noé mésopotamiens. 2/4


Par Maximilien Lormier

Atrahasis, le favori d’Enki.

Le mythe d’Atrahasis raconte l’histoire de la création de l’homme et comment plusieurs fois les dieux voulurent le faire disparaître. La genèse de l’homme commence sur fond de révolution. Au commencement, les dieux étaient multiples et se composaient de deux catégories sociales : les puissants qui gouvernaient, restant oisifs et consommateurs, et les travailleurs qui produisaient la nourriture pour les puissants. Cependant, au bout d’un certain temps, peut-être plusieurs millénaires, cet ordre ne convenait plus et les dieux mineurs se révoltèrent, détruisirent leurs outils de labeurs, et assiégèrent les puissants dans leur forteresse. Les dieux puissants, pris au piège, furent contraints de se réunir, de tenir un conseil de crise et de prendre les décisions qui s’imposaient. Les idéaux de cette révolution triomphèrent, et il fut désormais admis que les dieux étaient à présent tous libres et égaux. Malheureusement se posait à présent le problème de la production de nourriture qu’il fallait produire pour nourrir cette population de dieux, plus nombreuse, gloutonne et vorace. Le dieu Enki, le plus rusé et le plus sage, eut la brillante idée de créer une race d’êtres inférieurs faite d’argile et de sang de dieux et qui aurait la même apparence que leurs créateurs. Ces êtres n’auraient pas le loisir de se révolter, puisque Enki eut l’idée d’introduire la mortalité en eux : l’homme (awilum) était né.

L’homme, mortel, n’eut pas le loisir de se révolter éternellement comme l’avait fait les anciens dieux. Aussi, satisfaits, les dieux les mirent au travail sur la terre, et récolte après récolte, ils alimentèrent leurs créateurs. Malheureusement, comme toute création, l’homme comportait des défauts qui devinrent bien vite insupportables pour les dieux et pour leur chef suprême, Enlil. En effet, les listes royales sumériennes retrouvées dans les sols brûlants des fouilles archéologiques en Iraq, révélèrent que les premiers rois de ces listes, avaient des vies longues de plusieurs centaines de milliers d’années. Les hommes se multipliaient très vite et malgré la mortalité, ils créaient un immense brouhaha assourdissant que les dieux décidèrent de stopper.

Par deux fois, le grand Enlil envoya de grands maux sur la race humaine dans le but de la détruire : une terrible épidémie d’abord puis plus tard, dans une seconde tentative, une sécheresse dévastatrice. Les hommes n’existeraient plus si Enki n’était pas intervenu. Pour sauver sa création, sans heurter les autres dieux, il alla trouver Atrahasis, littéralement « le super sage » qu’il en fit son dévot et un intermédiaire de sa parole. Pour stopper l’épidémie, Enki lui dit d’offrir à Enlil du namtar, une hypostase du destin. Enlil fut flatté et puis une fois rassasié, il suspendit son courroux. Les hommes furent sauvés de la sècheresse par Enki qui intervint directement, puisqu’il était le dieu des eaux.

On ne sait combien de temps s’écoula avant qu’Enlil reprit ses envies meurtrières. Cette fois, il allait une bonne fois pour toute en finir avec le vacarme sur terre en la noyant sous un gigantesque déluge. Il fit entériner sa décision par le conseil des dieux auquel Enki appartenait, pour ne souffrir d’aucunes contestations. Désemparé et tenu par son serment, Enki n’abandonna pourtant pas et alla trouver une fois de plus Atrahasis à qui il ordonna, par l’intermédiaire d’un message caché, de construire dans le plus grand secret un bateau hermétiquement clos et de s’y enfermer pendant le déluge. Atrahasis s’exécuta et emmena avec lui ses richesses, des animaux sauvages et domestiques ainsi qu’un grand nombre de volatiles. Finalement, Enlil fit pleuvoir son déluge et l’humanité entière fut recouverte par les eaux. Le désastre fut tel que les dieux eux-mêmes furent horrifiés du désastre. Le coût à payer pour ce massacre fut extrêmement lourd pour les dieux car Enlil, dans sa grande clairvoyance, n’avait pas anticipé que les dieux étaient nourris par les hommes, sans compter le remord et la famine qui les rongèrent bien assez vite. Atrahasis accosta, sortit et offrit une fumigation aux dieux qui se précipitèrent autour « comme des mouches ». Les dieux décidèrent en assemblée de certaines mesures pour éviter à l’avenir la surpopulation des hommes. Ils introduisirent l’infécondité, la mortalité infantile et des prêtresses à qui il serait interdit d’enfanter.

Aucun commentaire: