samedi 23 janvier 2010

La tour de Babel, entre mythe et réalité. (I)

Par Maximilien Lormier.

La construction de la tour de Babel est un des épisodes les plus marquants de la Genèse. Là, Dieu confondit le langage des hommes et les dispersa aux quatre coins de la terre. L’histoire de la tour de Babel fait encore débat entre historiens, archéologues et théologiens. Née de l’imagination des populations juives déportées dans la grande Babylone à partir d’un énorme édifice ayant réellement existé, quelle a été la véritable image de la tour de Babel?


L’histoire d’une tour bien réelle.

La tour de Babel, telle qu’elle est nommée dans la Genèse, était en fait un édifice emblématique de la civilisation mésopotamienne, à savoir une ziggurat. A Babylone, cette ziggurat était vouée au culte du dieu Marduk. Construite en étages, l’édifice était fait de briques crues (séchées au soleil) recouvert d’un parement en briques cuites plus résistantes aux aléas du temps. La ziggurat trouve ses origines en Mésopotamie pendant la période des rois de la Troisième Dynasties d’Ur (plus communément appelée Ur III) entre le règne du roi Ur-Nammu vers 2112 av. notre ère et la destruction de cette empire vers 2004. Edifice cultuel, la ziggurat marquait l’orgueil et la puissance d’une cité et de son dieu poliade.


Babylone est une cité que l’on mentionne pour la toute première fois dans les écrits des tablettes du milieu du IIIe millénaire mais qui ne devient réellement une puissance dominatrice que sous le règne du puissant conquérant et législateur Hammurabi (1792-1750). Marduk devenait ainsi le dieu le plus haut dans la hiérarchie du panthéon mésopotamien dès lors que sa ville dominait toute la Mésopotamie. Le sanctuaire du dieu à Babylone date probablement de cette période, car l’archéologie a révélé que le souverain avait été l’investigateur de plusieurs chantiers colossaux, comme des constructions de ziggurats, dont on retrouve des traces dans certaines cités, à Kish notamment, appartenant à son grand empire. Il faudra attendre le règne plus tardif, mais au combien tout aussi riche, du roi Nabuchodonosor II (vers 630-562 av. notre ère) pour que la ziggurat de la ville atteigne ses lettres de noblesses et qu’elle ne passe à la postérité par les écrits bibliques.


Archéologie de la ziggurat de Babylone.

Lorsque les premières fouilles furent menées par une mission allemande, celle de Robert Koldewey sur le site supposé de Babylone au début du XXe siècle, les archéologues espéraient découvrir de grandes richesses enfouies et plus particulièrement les jardins suspendus, une des sept merveilles du monde antique, ainsi que la tour de Babel décrite dans la Bible. Les excavations ne permirent pas de découvrir les mythiques jardins ou le moindre édifice qui eut ressemblé à la tour de Babel, mais assurèrent de bien belles découvertes, comme la porte d’Ishtar et les monstrueuses murailles de la ville qui avaient émerveillé Hérodote.


Cependant, la recherche de la tour de Babel ne resta pas infructueuse. Les fouilleurs dégagèrent les traces imprimées dans le sol d’un très grand édifice de forme carré qui s’avéra être, au fil des recherches, la grande ziggurat du dieu Marduk. De cette imposante structure il ne restait que quelques briques de fondations en sous-sol, mais la trace au sol est tout de même assez remarquable pour que l’on puisse, avec des photos satellites, la voir très distinctement. La tour fut détruite, nous racontent les sources, par Alexandre le Grand, qui ayant fait de Babylone la capitale de son immense empire, voulut la faire reconstruire. Les calculs d’aujourd’hui, réalisés à partir de relevés topographiques, de mesures sur le terrain et d’informations puisées dans les tablettes et autres inscriptions, tendent à définir la ziggurat comme ayant été un édifice carré de 90 m de côté, constitué de 7 étages construits en terrasses, ce qui portait l’édifice à une hauteur comprise entre 66 et 90m. Les dimensions cyclopéennes de la ziggurat la rendaient visible à des kilomètres de la cité et devaient émerveiller et impressionner les visiteurs ainsi que les étrangers qui se rendaient à Babylone.


Lorsque le mythe et la réalité se croisent.

La grande ziggurat de Babylone avait pour nom l’Etemenanki, littéralement « la maison, fondement du ciel et de la terre ». Elle est aujourd’hui considérée comme le cadre biblique de la très fameuse tour de Babel. Comme son nom l’indiquait, l’Etemenanki était un lien entre le monde divin et humain. Cette passerelle, à l’échelle d’un dieu, servait à faciliter la descente de Marduk auprès des hommes et vice versa. L’apogée de ce dieu suprême se situait autour des règnes de Nabopolassar et de Nabuchodonosor II, et atteignit un tel degré d’adoration que la religion, en ces temps-là, eut certaines tendances monothéistes. Si ce particularisme de religion ne s’implanta finalement pas, il laissa quelques traces conceptuelles que l’on retrouva par la suite dans le culte de Mithra en Asie Mineure et à Rome, ou bien dans les religions zoroastriennes. Les juifs déportés à Babylone, après la chute de Jérusalem en 597 et la destruction du temple de Yahvé, ont été si fortement inspirés par l’adoration de ce dieu que la théologie hébraïque ainsi que l’écriture même de la Bible en ont été fortement marquées.

(A suivre)

1 commentaire:

Francois Dor a dit…

La mythologie figure la mémoire foetale de l’embryogenèse.

Approcher les mythologies comme mémoire fœtale de l’embryogenèse les explicite.

Le Déluge figure la chute prénatale des eaux amniotiques;
L’arche des légendes, la membrane amniochorionique qui porte et accompagne l'enfant jusqu'à la sortie;
Le serpent, Aïcha-Eve, le cordon ombilical;
L’Arbre de Vie, le placenta;
Adam, Noé, figurent inconsciemment le foetus;
Les trois fils de Noé, les trois fonctions du placenta;
Noé cultive la vigne: le nouveau-né développe un réseau circulatoire autonome;
Etc.

Celà fait dix années déjà que ces découvertes ont été publiées dans divers journaux -mais toujours pas en France.

François Dor