samedi 11 septembre 2010

L'école à Sumer


Par Maximilien LORMIER

A un moment où l’école, les professeurs et le système éducatif n’ont jamais été autant décriés et remis en cause, il est toujours intéressant de regarder ce que « eux avant nous » ont fait pour transmettre leurs savoirs. Aussi, il n’est pas de meilleur exemple que les Sumériens, « eux » qui ont eu la géniale invention d’inventer l’écriture. Ils inventèrent un système éducatif simple, porté par des professionnels qui enseignaient la magie des mots en imposant des exercices longs et harassants, mais qui avaient pour finalité de former une classe de lettrés, socialement élevée et qui ne serait pas en manque de travail. Tout ce discours tient en une seule question : comment était l’école au temps de Sumer ?

Ecriture et école :

L’un ne va pas sans l’autre. Le grand spécialiste des textes mésopotamiens S.N.Kramer insistait déjà sur ce point lorsqu’il écrivait dans son ouvrage L’Histoire commence à Sumer, « l’école est sortie tout droit de l’écriture ». Les plus anciennes traces de l’écriture nous proviennent de la cité d’Uruk dans le sud de l’Iraq actuel, qui correspondait à l’ancien pays de Sumer, et datent des environs 3200 av. notre ère. Les lettrés sumériens, des scribes, écrivaient alors sur des tablettes faites d’argile avec des pictogrammes ou idéogrammes, une écriture simpliste qui avait pour base un signe distinctif qui se rapportait à un objet ou un produit particulier. L’écriture eut comme support la tablette faite d’argile. Bien qu’humble à ses débuts, l’écriture évolua au fils des siècles, tout comme son système d’apprentissage. En effet, dans tous les lots de tablettes les plus anciennes de l’humanité que nous ayons retrouvés, certaines comportaient des listes de mots « pictographiques » à apprendre par cœur. Ces listes nous révèlent que les scribes qui participèrent à l’élaboration de l’écriture, inventèrent simultanément un moyen de transmettre leur savoir par l’intermédiaire de formations suivies et d’exercices ; autrement dit l’école, organisme voué à enseigner l’écriture, était née.

L’organisation de l’école :

- L’établissement

L’école était nommée « la maison des tablettes » et ce n’est qu’à partir de la seconde moitié du IIIe millénaire, alors que l’écriture en Mésopotamie était en phase de modernisation – c’est le passage du pictogramme au cunéiforme – que nous sommes en mesure de véridiquement discerner des bâtiments voués à l’enseignement dans la plupart des cités sumériennes. A Nippur, capitale religieuse, c’est un quartier entier où habitaient et travaillaient scribes et étudiants qui a été déterré. Les salles de classes étaient composées de plusieurs rangées de bancs en briques où pouvaient s’asseoir une à quatre personnes. L’absence de tables est expliquée par le fait que les élèves devaient travailler sur leurs genoux. A l’intérieur de cette salle devaient se trouver des étagères où étaient posées des tablettes d’argiles vierges prêtes à l ‘emploi, ainsi que des textes à étudier.

- Le corps enseignant

Les enseignants de l’époque n’avaient rien à envier à nos professeurs d’université. En effet, beaucoup vivaient de leur rente d’enseignant et consacraient leur vie entière à la transmission de leur savoir ainsi qu’à l’étude lors de leurs temps libres. A la tête de l‘établissement se trouvait le chef d’établissement, l’ummia – « le père de l’école » – qui était également enseignant. Celui-ci était assisté dans sa tâche par un professeur assistant – « le grand frère » – sûrement un ancien élève de l’école, qui avait pour rôle de contrôler la calligraphie des signes et de les faire réciter. Au sein des enseignants, on trouvait également des spécialistes comme « le chargé de dessin » (calligraphie, art plastique ?) et « le chargé du sumérien » (grammaire, conjugaison ?). Des surveillants ainsi qu’un très austère « chargé du fouet » encadraient les soubresauts des étudiants et assuraient la discipline de l’école.

- Les élèves

Les élèves semblent tous avoir été des enfants issus des rangs sociaux les plus élevés. Ils étaient fils de gouverneurs, diplomates, intendants ou riches commerçants. Les listes de noms d’élèves retrouvées ne font mention d’aucunes femmes, ni chez les élèves ni dans le corps enseignant, ce qui tend à prouver que les femmes n’avaient pas accès à l’enseignement. La vie que les élèves menaient pendant leur apprentissage était plutôt rude et contraignante. Dans les salles de classes, dès l’aube, ils suivaient leurs cours toute la journée jusqu’au coucher.

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